Depuis quelques jours, nous devons respecter un confinement partiel avec des règles strictes :
- Les écoles, collèges, lycées et universités sont fermés.
- Les regroupements familiaux ou amicaux sont interdits.
- Les activités de divertissement sont fermées.
- Les activités sportives en groupe sont formellement interdites.
- Les courses non indispensables sont interdites.
- Les frontières sont fermées.
- Les lieux de cultes sont quasiment fermés.
- Les déplacements non-indispensables sont interdits.
Ces règles qui provoquent, à juste titre, la cessation de beaucoup d’activités, le chômage partiel, le télétravail, demandent à tous un gros effort d’adaptation (parfois inconscient).
Un effort d’adaptation d’autant plus important que nous ne sommes pas programmés biologiquement pour accepter l’idée de notre fin… Ça peut arriver aux autres mais pas à nous donc pourquoi changer nos habitudes ?
L’effort collectif qu’on nous demande est pourtant essentiel pour éviter une crise sanitaire touchant les personnes en faiblesse immunitaire. En effet, un pic de malades engorgerait la capacité de réanimation de notre système médical.
Prendre du recul
Cette situation est effectivement inconfortable sur bien des points :
- Des informations constamment anxiogènes (maladie, hygiène…)
- Un entourage parfois atteint par la maladie ou en risque
- Une réorganisation nécessaire de nos vies familiales, professionnelles, tribales
Autour de moi, j’entends dire que les enfants sont heureux, que ce sont comme des vacances, j’entends dire que le chômage partiel arrange certaines personnes, j’entends dire qu’il faut profiter de ce temps offert…
Si ce n’est pas déjà fait, ne pensez-vous pas qu’il est temps de prendre du recul et de vous poser ces questions : « Ai-je choisi cette situation ? » ET « Ont-ils choisi cette situation ? ».
Non, bien sûr et je vous invite à vous mettre à la place des autres, des enfants, de vos collaborateurs…
Cette situation stressante n’est voulue par personne et nous devons malgré tout y faire face ! Que l’on soit adulte, enfant, manager, employé, etc, nous subissons tous cette crise.
Même si elle semble bien vécue par certains (et c’est tant mieux), elle peut vite devenir très compliquée pour d’autres.
Cette situation de confinement imposé génère globalement un stress, une fatigue intellectuelle et une forme de souffrance morale à laquelle nous devons être attentifs. L’enfermement, la privation d’espace engendrent indubitablement une détresse psychique : gardons le contact, au moins distant, avec les séniors et les personnes seules.
La promiscuité avec nos enfants et nos conjoints ajoute des contraintes supplémentaires et donc un risque de conflits… Pour éviter cela, soyons bienveillants et empathiques entre nous durant cette période.
Pour les parents, expliquez la situation à vos enfants en étant factuels, sans générer de peur, en adaptant votre langage à leur âge. Soyez clairs et « transparents » pour qu’ils vous fassent confiance sur la question et qu’ils sachent qu’ils peuvent se tourner vers vous en cas de doute, de peur… Les enfants ne sont pas dupes et leur mentir ajouterait un malaise supplémentaire.
Dites-leur qu’il peut être normal d’avoir peur, de se poser des questions ou de vouloir retourner à ses anciennes habitudes (amis, école, travail…) et répondez à leurs questions.
Accepter les changements
En coaching on le sait, même lorsqu’il est voulu, un changement d’habitudes est difficile à accepter et à mettre en place.
Qu’il nous soit imposé facilite le passage à l’action mais ne règle pas les difficultés émotionnelles qui vont avec. D’autant que cela est cumulé à d’autres facteurs, stress et peurs.
On voit d’ailleurs que certains ne respectent pas les nouvelles règles imposées – quitte à risquer l’amende ou la maladie. Que ce soit par non conformisme, peur du changement, ou n’importe quoi d’autre, les faits montrent que changer nos habitudes est contre nature même quand on sait qu’il y a un risque sanitaire.
Du jour au lendemain, nos rythmes, habitudes, repères ont changé. Les enfants doivent passer leurs journées avec les parents alors qu’ils étaient très bien avec leur nounou, en crèche, leurs copains… Les adultes, eux, doivent vivre de manière cloitrée et stressante loin de leurs amis, famille, collègues, travail, etc.
Même si cela semble bien géré au premier abord, ce ne sera pas forcément le cas dans le temps. L’adaptation passe par un inconfort qu’il ne faudra pas refouler mais accepter et tolérer pour être mieux vécu.
Donnons du sens à ce qui nous arrive en essayant de voir le positif. Posons-nous la question : « Qu’est-ce que je peux en tirer de positif ? » Renouer des liens, lire, jouer, apprendre à dessiner, faire du tri, adopter de nouvelles habitudes positives…
Ne pas être parfaits
Ces changements nous amènent à prendre de nouveaux rôles :
- Les parents doivent faire la classe à leurs enfants
- Les enfants doivent faire l’école à la maison
- Des actifs, passionnés par leur travail, se retrouvent au chômage partiel
- …
Ces situations sont difficiles à vivre car elles nous sortent de notre cadre habituel, de notre vision du monde. Faisons attention à ne pas nous laisser déborder par ces rôles imposés temporairement : nous sommes les parents de nos enfants, pas leur professeur, ni leur psy, ni rien d’autre.
A titre personnel, si, avec mes filles, il m’arrive d’utiliser mes connaissances sur l’éducation ou la gestion des émotions, je m’interdis de les « coacher ». Je suis leur père et non leur coach.

A défaut de sable, mes filles ont créé un superbe château d’herbes… 🙂
« Souhaitez-vous profiter de cette période pour renforcer les liens ou pour créer des conflits familiaux ? »
Essayons d’installer des liens et nouvelles habitudes positives avec notre entourage. Prenons du temps pour partager et renforcer les liens avec les jeunes et conjoints plutôt que de nous mettre une pression excessive qui pourrait créer de relations inconfortables sur le long terme…
« Qu’est ce qui est vraiment important aujourd’hui ? » Prenons du recul, ne nous mettons pas trop de pression sur nos nouveaux rôles. Faire de son mieux n’est pas être parfait. Nous ne pouvons pas cumuler à la perfection (si elle existe) dans une journée le télétravail, le rôle de parent et celui de professeur. Il vaut peut-être mieux en faire moins et sortir tous émotionnellement intacts…
Montrer l’exemple
Les neurones miroirs sont des neurones répartis dans notre cortex qui nous permettent d’apprendre et ressentir par imitation. L’évolution nous a offert ce « cadeau », comme à d’autres animaux, afin d’acquérir rapidement les comportements, aptitudes et émotions de nos pairs. Les neurones miroirs sont des neurones de l’apprentissage, de l’empathie, de la collaboration.
Je mets cadeau entre guillemets car ça n’en est pas toujours un. On reproduit également le stress ou les comportements négatifs et destructeurs : « Nous sommes la moyenne des 5 personnes avec lesquelles nous passons le plus de temps ».
Comme je l’évoque dans le cadre du leadership parental en entreprise, nous devons être exemplaire du mieux que nous le pouvons, et encore plus dans cette période de promiscuité. Être exemplaire ne veut pas dire être parfait, je parle ici de calme, de compréhension, d’écoute, d’organisation…
Vivre et travailler dans un environnement détendu est beaucoup plus efficace. Il est presque impossible d’être performant, de bien apprendre sous situation de stress. La situation étant déjà compliquée, je vous invite à ne pas mettre une pression inutile sur les résultats et l’apprentissage. Faites que cela reste un jeu.
Pour vous détendre, je vous invite à faire de la respiration sous forme de cohérence cardiaque ou de la méditation. 3 séances de cohérence cardiaque par jour (au réveil, avant le repas du midi et vers 16h) auront un impact très fort sur votre calme, votre bien-être et par imitation sur celui de votre entourage.
Une séance de cohérence cardiaque dure 5 minutes, il suffit de respirer profondément par le nez et le ventre par des cycles de 5 secondes durant 5 minutes : inspiration 5s, expiration 5s, inspiration 5s, expiration 5s… soit 30 respirations.
Vous trouverez des exercices de cohérence cardiaque sur plein d’applications (petit bambou, YouTube…).
Je vous propose également d’accepter votre responsabilité personnelle. On a parfois tendance à se donner les mérites quand tout va bien et à rejeter la faute sur l’enfant (ou le conjoint, le collaborateur…) quand ça va mal. Jusqu’à un certain âge de l’enfant, le parent est seul responsable (sans que ce soit simple pour autant) des relations et de la communication. A partir de l’adolescence, les causes de la qualité de la relation deviennent plus partagées mais restent essentiellement du ressort du parent.
La responsabilité n’est pas la culpabilité : si nous sommes effectivement responsables de notre manière d’éduquer, de cadrer, de gérer nos émotions, nous ne sommes pas coupables de tout ce qui arrive. Faisons preuve d’auto empathie et de notre mieux sans être parfait et accepter nos responsabilités (comme on le voit dans les méthodes de management en amélioration continue).
En faire moins
Dans les années 1900, Vilfredo Pareto, un économiste italien a découvert une loi économique en constatant que 20% de la population détenait 80% des richesses.
Depuis, cette loi de Pareto (aussi nommée loi du 20/80) s’est étendue à de nombreux domaines. Elle nous intéresse car elle est également valable pour l’organisation et la gestion du temps : 20% des efforts produit 80% des résultats !
Pour les personnes qui doivent cumuler les mandats de parent, de travailleur et de professeur, donnez vous du temps en vous autorisant temporairement à n’atteindre que 80% du résultat pour chaque sphère. Bien sûr, cela est plus facile à dire qu’à faire car très dépendant de nos tempéraments mais sachez-le et pensez-y si vous vous sentez ou êtes débordés.
Ne pouvez-vous pas faire un peu moins ou déléguer ? Comme nous l’avons vu avec les neurones miroirs, nous sommes des êtres naturellement collaboratifs. Profitez-en pour créer du lien, du jeu et répartir les tâches. Les enfants et conjoints seront plus enclins à aider si c’est proposé comme un jeu et non vécu comme une obligation ou une contrainte.
Faites-vous aider par le conjoint ou les enfants (selon l’age) en laissant le choix entre plusieurs activités qui peuvent vous soulager et acceptez le résultat même si ce n’est pas fait comme vous l’auriez fait. Par exemple : « Ça m’aiderait que quelqu’un fasse la vaisselle ou passe l’aspirateur. Qui voudrait s’en occuper ? » ou « En combien de temps tu penses pouvoir ranger ta chambre ? », plutôt que « Toi, tu passes l’aspirateur ! ». Ça peut être aussi l’occasion de responsabiliser, de faire confiance et de leur donner de nouvelles compétences (s’occuper du linge, débarrasser, nettoyer…).
En conclusion
La peur de la maladie, du manque, les informations anxiogènes, le confinement, la cohabitation sont des facteurs de stress et de souffrance psychique forte. Au plus le confinement durera, au plus la détresse s’installera. Cette situation n’est voulue par personne, faites de votre mieux et ne vous culpabilisez pas.
Comme en coaching, créons-nous une vision sur le long terme pour savoir où on va. « Comment je veux que soient les relations avec mon entourage, mes enfants, mon conjoint à la fin de cette crise ? » Cela permettra de nous focaliser sur l’important et de mettre moins de poids sur ce qui l’est moins.
Il est essentiel de prendre du recul et d’intégrer que la situation est subie par tous : enfants comme parents, employés comme managers. En avoir conscience est un premier pas important.
Ensuite, comme nous l’enseigne la communication non violente et les méthodes de gestion des émotions, soyons attentifs aux émotions, aux besoins et communiquons clairement les contraintes et règles de vie durant cette période.
Essayons d’être calmes, pédagogues et exemplaires afin de créer un environnement positif et entraînant pour notre entourage. La cohérence cardiaque ou la méditation peuvent aider.
Et enfin, acceptez de ne pas être parfait.e, faites-en moins et aller à l’essentiel.
J’espère de tout cœur vous avoir fourni des conseils que vous pourrez mettre en place. Pour toute question ou besoin de suivi individualisé, je suis disponible à distance.
Je ne prétends pas avoir réponse à tout ni apporter les solutions idéales adaptées à votre situation. En cas de besoin spécifique, n’hésitez-pas à me contacter pour un conseil individualisé.
Pour les entreprises
Si j’aborde déjà un peu le sujet dans le contenu, il me semble important de faire le lien entre la parentalité et l’entreprise, le management et surtout le leadership.
Selon moi, le contexte entrepreneurial est très similaire au foyer et le leadership à la parentalité.
De manière spécifique à l’entreprise, cette crise est effectivement non voulue et nécessite un effort d’adaptation énorme aux niveaux humains, structurels et financiers. Il me semble important, comme pour la famille, de prendre du recul et de faire preuve de confiance envers les membres de l’entreprise et ses partenaires.
Protéger les entreprises sur le long terme passe également par la préservation de ses ressources humaines tant au niveau physique que mental. Il est donc important de prendre en compte la détresse psychologique créée par cette crise, d’être facilitant et compréhensif durant cette période et éventuellement d’organiser un suivi une fois que les employés reviendront en poste. De la même manière, la structure se doit d’être exemplaire et facilitante envers ses collaborateurs.
Enfin, afin de faire le maximum en peu de temps, je pense judicieux de fonctionner en prenant en compte le principe des 20/80.